Comme
beaucoup de Québécois, le dimanche soir, je le passe devant ma télé et je
regarde
Tout le monde en parle. Le 27
janvier dernier, c'était le retour de l'émission après le congé des Fêtes, je me
serais franchement passée de l'entrevue de «la femme de l'autre», mais j'aurais
vraiment aimé l'intervention du député néo-démocrate Roméo Saganash et de
Michèle Audette, de l'Association des femmes autochtones, sur le mouvement
Idle No More.
Comme
un peu tout le monde, je lis les journaux, mais pas en profondeur, je l'avoue.
Donc, je savais que Theresa Spence faisait une grève de la faim pour inciter le
premier ministre Harper à rencontrer les nations autochtones pour discuter des
problèmes qui sévissent au sein de leurs communautés. Je n'ai pas nécessairement
pris la peine de m'informer plus sur leurs conditions, continuant mon survol de
l'actualité. J'ai aussi trouvé très insultant que M. Harper prenne la peine de
rencontrer les gagnants d'OD, alors que des choses beaucoup plus sérieuses se
passent dans notre pays.
Puis,
la semaine dernière je suis tombée tout à fait par hasard sur la série
documentaire
8e Feu sur
Tou.tv.
C'est l'image de couverture dans la section Films et documentaires du site qui a
attiré mon attention.
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Photo: Tou.tv |
Cette autochtone en
costume traditionnel en zone urbaine affublé de sa valise zébrée détonne. Cette
photo est issue de la série de portraits photographiques
Concrete Indian de la photographe anishinaabe Nadya
Kwandibens. Elle a su piquer ma curiosité et après le passage M. Saganash et de
Mme Audette à LMEP, je me suis dit que cette série pourrait sûrement m'en
apprendre sur la condition des autochtones au Canada.
La
série est composée de quatre épisodes d'une heure et chaque épisode traite d'un
thème:
Les autochtones en ville, Les autochtones et le Canada, À qui le
territoire et
À la croisée des chemins. Ce que j'aime de ces documentaires,
c'est qu'ils sont éducatifs sans être accusateurs ni moralisateurs. Ils
permettent vraiment de comprendre efficacement la situation actuelle des
autochtones, mais aussi les détails historiques qui les ont menés là.
À
l'école, j'étais férue d'histoire, première de classe peu importe le sujet:
histoire et civilisations, histoire du Québec et du Canada et histoire du XXe
siècle. Quelle est la place des autochtones dans ces cours, très minime. On
parle de l'arrivée de ces peuples au Canada il y a plusieurs dizaine de milliers
d'année en passant par le détroit de Beiring qui était gelé à l'époque, on parle
du contact des autochtones avec les blancs à l'arrivée de Jacques Cartier et
comment les diverses tribus vivaient au XVIe siècle, comment construire un
wigwam. En secondaire 2, une prof d'anglais nous avait demandé de faire une
recherche sur les autochtones dans le monde, encore là on parlait surtout de la
vie des ancêtres de ces peuples. Nous n'avions aucune conscience de la situation
réelle et de l'histoire contemporaine de ces peuples.
Dans
le cours d'histoire du Québec et du Canada, on nous parle beaucoup du rapport
Durham, comment les Anglais ont essayé d'assimiler les Canadiens-Français au
XIXe siècle. Est-ce qu'on nous parle de la Loi sur les Indiens et les
pensionnats? Non. Les Canadiens-Français étaient plus fort que les Anglais en
nombre et la venue de plus en plus d'Irlandais au pays compromettait certaines
recommandations du rapport, notamment sur la religion catholique. L'assimilation
a été évitée. Le rapport de force pour les autochtones n'était pas en leur
faveur, le gouvernement a eu le gros bout du bâton. En toute légalité, le
gouvernement a arraché plus de 150 000 enfants à leur famille pour les mettre en
pensionnats, loin de leur famille, parfois même pas dans la même province. Le
but de ces pensionnats était de tuer l'Indien en eux et d'en faire des Canadiens
en bonne et due forme. Certains enfants étaient aussi mis en adoption dans des
familles blanches, loin de leurs racines, de leur langue et de leur
culture.
Dans
les cours d'histoire au secondaire, on nous parle de la Deuxième Guerre mondiale
en long et en large, mais on omet de nous dire qu'une situation similaire s'est
produite chez nous, et ce, sur une période de plus de 100 ans. Le dernier
pensionnat autochtone a fermé ses portes il y a moins de ça moins de 20 ans,
c'était en 1996, la même année où j'ai fait mon entrée au secondaire. Si j'avais
été autochtone en Saskatchewan, au lieu de Québécoise pure laine, qui sait,
j'aurais pu finir dans un de ses pensionnats.
Le
gouvernement du Canada a présenté des
excuses officielles en 2008 pour les sévices dont les enfants
ont été victimes dans ces pensionnats qui étaient gérés par le clergé (ah le
clergé, autre sujet lié à des histoires d'horreur que je n'aborderai pas ici).
N'empêche que la grande majorité des Canadiens ignore cette sombre tranche de l'histoire de
notre pays. Je crois, et j'espère qu'on puisse
modifier les programmes d'histoire qui sont enseignés à nos enfants.
Franchement, j'ai honte. Honte de mon pays, honte qu'on cache cette tranche
d'histoire aux citoyens, honte de ne pas en savoir plus la véritable condition
des gens dans mon pays, honte de voir que le tiers monde peut exister au
Canada.
La
série documentaire
8e Feu a été présenté à Radio-Canada il y a un an, si vous ne
l'avez pas vu je vous la recommande fortement si vous voulez en apprendre plus
sur l'histoire contemporaine des autochtones, la situation actuelle des peuples
autochtones et simplement pour mettre fin à une vision négative des autochtones,
à des préjugés bien ancrés au sein de la population canadienne et arrêter de
vivre dans l'ignorance. Elle est disponible sur
Tou.tv et sa version anglaise
8th Fire sur le
site de CBC.